CONTENU COMMANDITAIRE
Stéphane Villemain, Vice-président Responsabilité sociale d’entreprise, Ivanhoé Cambridge, s’est joint au panel Reimagining our Infrastructure de GLOBE Capital afin d’échanger sur sa vision d’une infrastructure mondiale favorisant la résilience et matérialisant un avenir net-zéro. Nous avons fait un suivi avec M. Villemain pour en savoir plus sur le récent engagement net-zéro d’Ivanhoé Cambridge et ses plans concrétiser ce projet.
Que retenez-vous principalement de GLOBE Capital ?
L’intérêt du secteur financier pour l’ESG et en particulier pour le changement climatique est en pleine croissance, c’est fascinant. Il y a à peine 3-4 ans, seule une poignée d’institutions financières au Canada avait pris des engagements dans ce domaine. Le changement climatique est maintenant largement reconnu comme un risque et une opportunité d’investissement et Globe Capital est un excellent lieu pour apprendre de ses pairs sur la meilleure façon d’aborder ce défi.
Le mois dernier, Ivanhoé Cambridge a annoncé son engagement à atteindre la neutralité carbone pour son portefeuille international d’ici 2040. Qu’est-ce qui a motivé cet objectif ?
Chez Ivanhoé Cambridge, nous avons la conviction qu’il est de notre devoir d’avoir un impact positif sur l’environnement. L’urgence climatique nous pousse à aller plus vite, et plus loin.
Notre secteur (l’immobilier et la construction) est responsable d’une grande part des émissions de gaz à effet de serre (40%) et en même temps en subit les risques. Le changement climatique menace nos actifs au travers d’événements climatiques extrêmes dont on anticipe qu’ils seront plus nombreux et sévères. D’un autre côté, une transition vers une économie propre ouvre beaucoup d’opportunités et renforcera la résilience de nos actifs. Nous savons aussi que les investissements durables sont plus profitables sur le long terme. Ne rien faire sera nécessairement plus coûteux.
En fixant une cible net-zéro carbone, notre objectif est à la fois ambitieux et réaliste. Nous nous appuyons sur une approche scientifique en ligne avec l’Accord de Paris de 2015 et nous considérons notre performance carbone actuelle, notre stratégie d’investissement, les cibles carbone des pays dans lesquels nous investissons, et les outils récemment développés dans notre industrie, comme le Carbon Risk Real Estate Monitor (CRREM).
J’ajoute que pour atteindre sa cible net-zéro carbone d’ici 2040 Ivanhoé Cambridge a fixé des jalons. Nous nous sommes engagés à réduire notre intensité carbone de 35% d’ici 2025 par rapport à 2017, à augmenter nos investissement sobres en carbone de plus de $6B (€4M) d’ici 2025 (par rapport à 2020), et à rendre tous nos développements net-zéro carbone à partir de 2025. Ces nouvelles cibles carbone portent sur la portion de notre portefeuille en exploitation et en détention directe (i.e. la majeure partie de notre portefeuille, là où nous pouvons avoir le plus d’impact).
Quels sont les moyens que vous allez employer pour atteindre cet objectif ?
Concrètement, nous utiliserons trois principaux leviers : l’efficacité énergétique, l’énergie décarbonée, et de nouveaux développements.
L’énergie la plus propre est celle qu’on ne consomme pas. Ainsi, l’amélioration de la performance énergétique de nos principaux actifs devrait contribuer à plus de 20% de notre objectif. Nous travaillons également sur la consommation d’eau, la gestion des déchets et des ressources.
Deuxièmement, nous visons à réduire significativement l’utilisation des énergies fossiles dans nos propriétés, et accroître au maximum la part des énergies renouvelables, soit en la produisant sur site (panneaux solaires par exemple), soit en s’assurant que l’énergie acheminée est renouvelable. Cela devrait contribuer également à plus de 25% de notre objectif. Nous estimons également à 30% la part de notre objectif qui sera atteinte grâce aux efforts de transition énergétique des fournisseurs d’électricité, qui décarbonent leurs réseaux.
Troisièmement, 20% de notre cible sera atteinte grâce à la construction de propriétés bas-carbone, à partir de 2025).
En ligne avec le World Green Building Council, nous définissons un bâtiment net zéro carbone opérationnel comme un bâtiment à haute efficacité énergétique et entièrement alimenté par des énergies renouvelables sur site ou hors site, incluant en dernière priorité la compensation des émissions opérationnelles carbone restante).
La partie résiduelle de notre objectif net-zéro carbone pourra être atteinte via une stratégie de compensation carbone, en dernière priorité.
Pour favoriser notre réussite, nous lions une partie de la rémunération de nos employés à l’atteinte de nos cibles carbone, parmi d’autres tactiques.
Quelle partie du chemin avez-vous déjà parcourue ?
En 2017, Ivanhoé Cambridge avait pris l’engagement de réduire son intensité carbone de 25% d’ici 2025. Nous avions déjà atteint une réduction de près de 20% en 2019. C’est pourquoi cette cible a été relevée à 35%. Depuis 2017, Ivanhoé Cambridge a augmenté de près de 200% ses investissements sobres en carbone, soit 14,6B CAD (au 31 décembre 2020).
Comment la durabilité se traduit-elle économiquement chez Ivanhoé Cambridge ?
Nous souhaitons opérer un alignement plus qu’une opposition entre performance durable et performance financière.
La pérennité de notre portefeuille nous aidera à bien performer dans les années à venir et saisir ces occasions nécessite d’intégrer le climat dans notre analyse d’investissement et dans la gestion de nos actifs.
Nous considérons que ces engagements constituent une stratégie de création de valeur. Promouvoir l’efficacité énergétique et l’innovation dans l’opération de nos bâtiments, c’est contribuer à prolonger leur durée de vie (« future-proofing »), réduire les risques d’obsolescence et anticiper de futures règlementations et coûts liés au carbone.
Nos bons résultats en matière de décarbonation nous permettent d’augmenter nos financements verts, dont les conditions sont en partie liées à notre intensité carbone. Par exemple, plus l’intensité carbone de notre portefeuille est faible, moindre est le coût de notre dette. Notre ambition est d’accroitre et de diversifier ces financements.
Comment intégrez-vous le climat dans vos investissements ?
Le climat est systématiquement intégré dans notre analyse d’investissement pour toutes nos nouvelles transactions, ainsi que notre gestion d’actifs : chaque transaction est évaluée en fonction des risques climatiques et de son impact sur l’empreinte carbone de notre portefeuille et sur nos cibles.
La majorité de nos quelques 1,100 propriétés est également évaluée en fonction de son exposition aux risques climatiques actuels et futurs.
Les changements climatiques ont et auront un impact sur le risque et les rendements de notre portefeuille. Nous évaluons ces impacts selon 2 dimensions : 1) l’atténuation des changements climatiques (efficacité énergétique, énergie propre, matériaux de construction comme le bois (CLT) qui entraînent des réductions d’émissions de carbone liées à la construction et à l’exploitation de nos propriétés ; 2) l’adaptation climatique, c’est-à-dire l’optimisation de la résilience de nos propriétés dans un contexte de changements climatiques, par exemple à l’image des risques d’inondation dans certaines régions.
Un sacré défi vous attend. Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous voyons tout cela comme une progression.
Aujourd’hui, notre stratégie est principalement axée sur le carbone opérationnel lié à la consommation énergétique de nos propriétés. D’ici les deux prochaines années, nous travaillerons également sur le carbone associé à la construction, particulièrement au regard des matériaux utilisés.
Nous fixons un cap : nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses aujourd’hui, mais nous croyons que nos récentes réalisations et cette cible ambitieuse et réaliste nous donnent un bon départ.